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faisaient alors commerce avec les matelassiers de Montréal.

Tous ces objets furent portés dans une clairière, à deux ou trois cents pas à l’intérieur du bois.

La foule dressa un bûcher, en chantant et en dansant, comme aux plus belles époques de l’histoire de la tribu. Cependant on s’abstenait de vociférations de peur d’attirer les policemen.

Le bûcher prêt et allumé, la chaudière fut placée dessus ; on la remplit de goudron et de résine, et les sacs de duvet furent ouverts, pendant que les femmes dépouillaient lestement le pauvre sir William King de ses vêtements, sans même, — proh pudor ! — faire grâce pour celui que les dames anglaises défendent de nommer en leur compagnie.

L’infortuné jeune homme se fatiguait en efforts inouïs, mais infructueux, pour parler. Ne prévoyant que trop le supplice honteux auquel il était réservé, il eût payé son pardon d’une partie de tout ce qu’il possédait. Mais les sauvages ne le voulaient écouter. Ils riaient de son visage boursouflé, de ses yeux écarquillés par la tension des muscles, de la sueur qui coulait à grosses gouttes de son front. Ils se moquaient des larmes de rage dont ses paupières étaient gonflées. Ils se livraient à d’ignobles plaisanteries sur les formes grêles du malheureux Anglais, et les squaws rivalisaient de méchanceté avec les hommes.

Dès qu’il eut été remis à l’état primitif, coupant des