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tif apparent, avait, dès leur première entrevue, inspiré au Canadien de la répulsion pour l’officier anglais.

Celui-ci avait fait quelques efforts dans le but de se rapprocher, car, amis intimes de Léonie, Cherrier et sa femme exerçaient de l’influence sur les dispositions de la jeune fille. Vaines tentatives ! Fort riche, très-considéré, Xavier s’était montré insensible aux avances de sir William. D’où colère et haine de ce dernier, qui ne manquait jamais une occasion d’exprimer, avec la hautaine politesse britannique, son aversion pour les Français.

En politique, Xavier marchait avec les libéraux, c’est-à-dire les patriotes, comme ils s’intitulaient, et sir William avec les loyalistes, ainsi qu’on avait baptisé les sujets fidèles à la couronne d’Angleterre.

— Je vous félicite, monsieur, de vous être tiré sain et sauf de l’épouvantable catastrophe d’hier, lui dit Cherrier en s’asseyant,

— Je vous suis reconnaissant, très-reconnaissant pour votre sollicitude, répondit ironiquement l’officier ; mais permettez-moi de vous renvoyer les félicitations, car vous-même et madame, — il s’inclina légèrement en regardant Louise, — avez eu le même bonheur que moi.

— On dit que vous avez perdu un bataillon entier ?

— C’est vrai, très-vrai ; mais vos rebelles n’auront pas trop lieu de s’en réjouir ; sir Francis Head dépêchera d’autres troupes pour leur laver la tête, repartit l’Anglais d’un ton de défi.