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Mais, soit que les chiens eussent eu une fausse alerte, soit que ceux qui l’avaient excitée ne jugeassent pas opportun de se montrer, on n’entendit rien, on ne vit rien paraître.

Le Petit-Aigle rabaissa-son fusil.

— Les blancs rôdent autour de cette loge, dit-il. Donnez-moi quelques aliments, ma mère.

— Irais-tu rejoindre Nar-go-tou-ké ?

— Co-lo-mo-o ira où le chef l’enverra, répondit il en prenant un bissac où il plaça un quartier de venaison boucanée, que lui tendit Ni-a-pa-ah.

Sans mot dire, l’Onde-Pure s’accroupit, en pleurant, près du poêle.

Le Petit-Aigle jeta le bissac sur son dos et sortit de l’habitation, le doigt appuyé à la gâchette de son fusil.

La lune se levait à ce moment et inondait de ses pâles clartés la place du village.

L’indien promena aux environs des regards scrutateurs ; mais on ne discernait créature vivante ; toutes les lumières étaient éteintes dans les huttes iroquoises ; le murmure des flots du Saint-Laurent sur la grève et le bourdonnement éloigné des rapides étaient les seuls sons perceptibles.

Co-lo-mo-o regagna son embarcation et prit le large.

D’abord, il tourna le cap sur l’île au Diable. Mais, ayant alors porté ses yeux vers Caughnawagha, il lui sembla voir des ombres qui s’agitaient derrière la chapelle.