une obéissance passive, comme son chien, son cheval. Une instruction à demi chrétienne n’avait pas réussi à triompher de ce sentiment qu’avait développé en lui sa grand-mère, la Vipère-Grise, et le jeune Indien, plein de soumission, de vénération pour son père, n’admettait pas qu’un fils dût déférer aux ordres d’une mère.
— Nar-go-tou-ké a pris tout ce dont il avait besoin, repartit Ni-a-pa-ah avec un soupir.
— Quand les hommes de la police sont-ils venus ? dit le Petit-Aigle.
— Comme le soleil se couchait.
— Combien étaient-ils ?
Ni-a-pa-ah compta sur ses doigts.
— Dix, répliqua-t-elle.
— Et ils ont quitté le village ?
— Oui, mon fils, un de nos alliés est venu me l’apprendre.
Il y eut un moment de silence.
Son fusil posé à terre devant lui, les mains croisées sur la gueule des canons, le corps un peu incliné, Co-lo-mo-o méditait profondément, quand les deux chiens, qui s’étaient couchés à ses pieds, se relevèrent en même temps et allongèrent leur museau sous la porte du wigwam, en aspirant l’air.
— On a trompé ma mère, les Habits-Rouges sont encore ici, s’écria Co-lo-mo-o en épaulant son arme et s’apprêtant à se défendre.