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Puis, il s’élança, en courant, sur un sentier qui côtoie le Saint-Laurent dans la direction de Caughnawagha.

À mi-chemin de ce village, près d’un hameau canadien bâti au pied même des rapides, le Petit-Aigle rencontra Jean-Baptiste.

Par des signes, le nain lui annonça que la police montréalaise était arrivée à Caughnawagha pour y arrêter son père, que celui-ci s’était réfugié dans l’île au Diable, que Co-lo-mo-o s’exposerait certainement à être appréhendé s’il se montrait avant le départ du grand connétable.

Aucune trace d’émotion ne se peignit sur le visage du jeune Indien.

Il témoigna à Jean-Baptiste qu’il voulait être seul, et le bancal, sans manifester la moindre contrariété, poursuivit son chemin vers la Prairie.

La nuit était tombée, nuit fort triste à cet endroit, quoique claire, sereine, toute radieuse des constellations célestes qui scintillaient dans l’espace. Mais les arbres étaient encore dépouillés, l’herbe était encore enfouie sous les amas de neige et de glace dont le rivage du fleuve était jonché, et les chantres des gazons et des bois n’avaient pas encore fait leur réapparition.

Après une minute de réflexion, Co-lo-mo-o traversa le hameau, grimpa sur un chêne en face de l’île au Diable, et, à trois reprises différentes, il imita le cri du