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CHAPITRE XLIV

Réunion sur la prairie.


Nick Whiffles resta plongé dans une torpeur voisine de la mort jusqu’à a ce que les premiers rayons du soleil levant vinssent caresser son visage. Alors, le trappeur commença à se ranimer. La réaction qui s’opérait en lui venait-elle de l’habitude de s’éveiller à cette heure, ou de la chaleur que lui communiquait l’astre du jour, ou de ces deux causes combinées, nous ne le pourrions dire. Mais Nick recouvra peu à peu ses sens. Il comprit d’abord les marques d’affection dont l’accablait son chien, et bientôt la condition dans laquelle lui-même se trouvait.

Naturellement, Nick Whiffles n’était pas homme à se soumettre à la position horizontale, quand il y avait possibilité d’en prendre une autre. Aussi se mit-il tout de suite en devoir de se redresser. Après bien des efforts, le brave chasseur parvint à se placer sur son séant. C’était quelque chose. Et Calamité se hâta de témoigner la joie que lui causait ce symptôme de retour à l’existence. Cependant, Nick avait encore le cerveau rempli des froides vapeurs de la mort. La vue de son chien ne le ramena pas immédiatement sur notre planète.

— Nous ne sommes plus du monde, je suppose, n’est-ce pas ? dit-il en regardant vaguement Calamité. Tu es un esprit, et je suis un esprit ; pourtant, l’esprit d’un chien a joliment l’air d’un chien terrestre, hein ? oui, pardieu ! Mais il me semble aussi que ces lon-