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tant de patience et de fidélité, tandis qu’il est malade, bien malade !

— Les chiens ont leurs maladies comme les êtres humains, dit philosophiquement Tom Slocomb. Mais c’est étrange qu’ils aiment tant leurs maîtres.

— C’est ce que je me suis dit plus d’une fois, repartit Nick. L’homme est un ingrat qui méprise l’amitié d’un chien. Comment peut-on avoir le cœur de maltraiter la créature obéissante, dont les yeux attentifs sont constamment tournés sur nous pour lire dans nos pensées ! Maudits soient les gens civilisés et incivilisés qui battent les chiens ! Qui est aussi fidèle, aussi affligé, aussi prêt à nous secourir qu’un chien, quand nous sommes en difficulté ? Trouvez-moi une vermine humaine qui vaille cet animal !

Whiffles parlait avec une chaleur et un zèle qui faisaient honneur à la bonté de son caractère. Calamité se leva lentement et regarda fixement devant lui, en allongeant son museau au-dessus du gazon. Nick remarqua ce mouvement. Le chien aspira l’air et écouta. Puis, mécontent, sans doute, de sa recherche, il avança dans la direction qui attirait son attention. Le trappeur observa, avec un vif chagrin, que les membres de Calamité avaient perdu de leur élasticité.

— Quelqu’un me suit, je le gagerais, dit le trappeur avec assurance. Mais ça ne me surprend pas. Je m’attends bien à ce que les coquins aient des espions, sous forme d’indiens, de bois-brûlés ou de blancs renégats.

— Qu’ils viennent ! je m’attacherai à vous aussi longtemps que je pourrai battre des ailes, et croasser un croassement. Il est dans ma nature, voyez-vous, d’avoir le pied dans toutes les escarmouches. Si quelque danger vous menace, vous pouvez compter sur moi. Qu’est-ce que fait maintenant le chien ?

— Il écoute. Calamité à l’oreille fine. Il se fie beaucoup à ses merveilleuses facultés pour entendre et sentir. La nuit approche. Mon avis est qu’il y aura des difficultés avant demain matin. Je vous suis obligé de vos offres amicales, et j’espère que vous les remplirez comme un homme, si vous jugez convenable de rester dans ma compagnie.

— Certainement. Pour ma violette, ma fleur des prairies, mon thym sauvage, je ne vous quitterai pas jusqu’au dernier moment.

— Il me semble que je suis sur la bonne piste. Si les sentinelles de Mark Morrow sont aux environs, nous les déjouerons. Mais avant