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CHAPITRE XLI

Nick quitte le fort


La Compagnie de la baie d’Hudson possède plusieurs petits établissements appelés forts ; mais il n’y en a guère que deux qui puissent prétendre à cette distinction. Ce sont le fort Garry et le fort Stone. Le premier est situé sur le bord de la rivière Assiniboine, à deux cents mètres environ de sa jonction avec la rivière Rouge. C’est un vaste édifice quadrilatéral, parfaitement défendu, flanqué de bastions aux angles, avec des embrasures pour le canon. Son enceinte renferme des magasins, bureaux, écuries, etc., etc. L’Assiniboine coule tranquillement au pied de ses murs. Le pays environnant manque de variété. L’établissement de la rivière Rouge, dont nous avons parlé si souvent, s’étend à cinquante milles le long du cours d’eau, d’où il lire son nom. Des terres boisées bordent la rivière : le saule, le chêne et le peuplier sont les essences dominantes. Partout l’œil ne rencontre que prairies, arbres et marécages, spectacle d’une monotonie fatigante, au bout d’un certain temps. C’est du moins ce que pensait Kenneth, debout contre la porte du fort, le soir du jour où se passèrent les événements racontés dans le chapitre précédent. Le soleil se couchait paresseusement derrière les lointaines forêts de l’Ouest, en plaquant d’or les ondes de l’Assiniboine, sur laquelle, de temps en temps, on apercevait un canot d’écorce conduit par un Canadien, un Écossais ou un Indien. Iverson contemplait ce tableau avec un sentiment de mélancolie indéfinissable. Il ne remarqua point