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nous avons trouvée dans un si piteux état est à présent au fort. C’est la plus tendre et la plus charmante créature que j’aie vue. Il ne se passe pas un jour sans qu’elle me rappelle mon pauvre Bouton-de-rose. Elle m’a soigné comme si elle eût été ma propre fille. Ma foi, je crois bien que ses blanches et douces mains ont avancé la guérison de mes blessures.

— J’attendais l’occasion de vous demander de ses nouvelles, dit Kenneth, mais cette exécrable femme m’en a empêché. Avez-vous appris les particularités de son histoire ?

— Je ne puis dire que je les connaisse beaucoup. Elle s’appelle, comme vous savez, Florella.

— Les gens ont généralement deux noms, fit observer Kenneth.

— Elle n’est pas une exception à la règle générale, car son nom de famille est Desfarges. Son histoire n’a rien d’étrange ici. Il paraît qu’un misérable s’en éprit et l’enleva. Elle eut assez de bonheur pour lui échapper avant qu’il eût mis à exécution ses odieux desseins. Elle erra pendant quelques jours dans les bois. Puis, la Providence en eut pitié, et la jeta sur notre route. Laissons cela ! mes forces sont revenues et je suis prêt à poursuivre jusqu’au bout de la terre le destructeur de mon repos. Qu’il se cache où il voudra, le vieux Saül le déterrera ! Il n’y a point de caverne assez profonde, point de montagne assez élevée qui le puisse garder hors de mon atteinte.

— Voici notre plan, dit Kenneth. Nous partirons de bonne heure, demain matin, par deux, et nous fouillerons toute cette région pour découvrir les traces du ravisseur de votre fille. Nos premiers efforts ont été déjoués ; mais, avec de la persévérance et l’aide de Dieu, nous réussirons.

— Oui bien, je le jure, votre serviteur ! affirma Nick.

— Nous ne pouvons partir trop tôt, fit le guide en soupirant. Enfin, demain, soit. Pourtant, je voudrais bien que demain fût aujourd’hui.