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CHAPITRE XXXVI

Vienne la nuit !


Après avoir terminé sa besogne, Nick revint s’asseoir vis-à-vis de Kenneth, sur qui il fixa ses regards en demeurant plus longtemps silencieux que d’habitude. Il réfléchissait indubitablement à un sujet qui lui paraissait fort important.

— Vous êtes bien inquiet de Bouton-de-rose, commença-t-il ; vous n’avez pas besoin de le nier, car je le vois sur votre visage. Vous jouez de malheur, mon garçon. Mais elle est vivante et à l’abri des Peaux-rouges, après tout, quoique ce brigand de Mark Morrow l’ait fait pas mal souffrir. Faut vous consoler. Nous avons été bien près de la délivrer, et sans une difficulté désespérée… C’est comme ça. Il arrivera toujours des difficultés. Nous ne pouvons prévoir l’avenir. Peut-être désirez-vous savoir quel air elle avait. Ah ! elle était pâle, défaite, comme un oiseau en cage. Je sais ce que ça veut dire. Et ce démon de Morrow n’en était pas arrivé où il voulait, non, je le jure, votre serviteur ! car alors, elle n’aurait pas été vivante. Il aura la plus grande maudite petite difficulté à vaincre !

Nick s’arrêta et appuya un moment sur la grandeur de la « maudite petite difficulté. »

— Je sais, reprit-il, que vous êtes sur les épines, et ça doit être. Si vous pouviez être heureux et à votre aise, tandis que cette fille est en de pareilles mains, vous ne mériteriez pas de l’avoir. La question, c’est de savoir ce qu’on va faire.

Personne ne répondant, Nick poursuivit :

— Je sais, jeune homme, que vous vous dites aussi : Que va-t-on faire ? Cette demande vous a poursuivi comme un cauchemar depuis l’enlèvement de Bouton-de-rose. On sait ça , oui bien, je le