Page:Chevalier - Les Pieds-Noirs, 1864.djvu/23

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III

Mark Morrow


Iverson revint, soucieux et fort préoccupé, à sa fente. Déjà, il sentait que les grâces de Sylveen avait fait une profonde impression sur son cœur. Les singularités de Nick Whiffles ne réussirent pas à le détourner de ses pensées. Elles n’étaient cependant pas éclairées par les rayons de l’espérance. Le doute et un sentiment indéfinissable de jalousie les empoisonnaient. La sinistre figure de Mark Morrow se dressait sans cesse entre l’image de la fille du guide et lui ; et la crainte que Sylveen ne le lui préférât le torturait constamment.

Obéissant à une influence irrésistible, il se rendit, le lendemain, chez Saül Vander, renouvela sa visite le jour suivant, et se lança à toutes voiles sur l’océan de l’amour.

Quatre jours après sa première entrevue avec Sylveen, Nick Whiffles et lui causaient, un matin, près du camp des trappeurs, qui étaient sur le point de se mettre en expédition, quand Mark Morrow arriva, monté sur son magnifique cheval et suivi d’un domestique. Ils s’arrêtèrent à côté de Kenneth.

— J’aperçois un nuage sur son front, murmura Nick, je mettrais ma tête à couper que ça couve un orage. Il vous ajuste avec son œil droit comme avec une carabine.

— Quel est cet individu qui vient derrière lui ? demanda Kenneth.