Page:Chevalier - Les Pieds-Noirs, 1864.djvu/211

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 205 —

veau, et cette idée ne m’accommodait pas du tout. Donnez-moi le bras ; je m’en vas manœuvrer mes jarrets, quoiqu’ils ne me paraissent guère disposés au service, les fainéants !

Hammet l’aida à se dresser sur les pieds. D’abord il eut peine à se tenir ; mais, au bout de quelques minutes, il recouvra son aplomb et put faire quelques pas.

Calamité témoigna sa joie d’une manière aussi bruyante qu’un chien doué de son tempérament et de sa dignité pouvait le faire sans se dégrader.

— Il ne faut pas rester davantage ici, car nous sommes trop près de ces hommes de Bélial, dit le quaker. Nous devons allonger la distance entre nous et la caverne. Un peu d’exercice ne te fera pas de mal. Courage ! Bien infortunés serions-nous si nous ne trouvions non loin d’ici un lieu pour nous cacher.

Soutenu par Abram Hammet, Nick marcha avec assez d’assurance. Le quaker lui choisissait les endroits les plus accessibles, et le conduisait, comme un ingénieur habile, à travers les roches détachées et les montées raboteuses. Après une heure de ce travail, Hammet s’arrêta, en annonçant qu’ils étaient, pour le moment, arrivés an terme de leur voyage.

— La nature, ami Nick, a, dit-il, construit ici un foyer pour notre usage. Vois comme il est artistement taillé dans le roc. Prends patience, et bientôt j’aurai fait pétiller une flamme qui réchauffera tes membres grelottants et infusera une nouvelle vie dans tes veines.

Il ramassa du bois sec et eut promptement rempli sa promesse. Réconforté par une douce chaleur, Whiffles ne tarda guère à reprendre son entrain ordinaire et à plaisanter sur la « maudite petite difficulté d’où il venait de se tirer. »