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CHAPITRE XXX

Un chapitre de difficultés


La fraîcheur de l’eau ranima Nick, car il n’était qu’étourdi. La balle de Morrow lui avait seulement labouré le cuir chevelu. Son crâne était intact, quoique la percussion eût suffi pour le priver momentanément de ses sens et lui donner l’apparence livide de la mort.

Reprenant haleine, Nick commença à lutter contre les vagues qui se pressaient au-dessus de lui. Quand le fil de la conscience a été rompu, la confusion et le trouble accompagnent nécessairement les premiers moments où on le retrouve. Ce fut le cas dans cette circonstance. Le trappeur ne put tout de suite rattraper la cohérence de ses pensées. Il était dans une sorte de stupeur qui ne lui permettait pas de se rappeler les événements et de les coordonner. Ce qu’il éprouvait avait assez d’analogie avec le cauchemar. Mais l’instinct de la conservation ne l’abandonnait pas. Après s’être débattu pendant quelques secondes, sans but ni raison, il étendit ses bras pour nager. Cette tentative aurait-elle été couronnée de succès, c’est ce que nous ne savons pas et ne saurons jamais, car à peine avait-il fait deux élans, qu’un bruit sourd résonna à ses oreilles. Puis, il se sentit soutenu à la surface par un corps quelconque.

Après une longue et bienfaisante aspiration, Nick comprit qu’un chien l’avait pris à sa remorque et que ce chien était le sien. On