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— C’est ce à quoi j’avais songé ; quoique je sois fâché d’être obligé de remplir les fonctions d’un paquet de marchandise, au lieu de partager avec vous les fatigues du voyage. Mais, comme je n’y puis rien, partons.

Florella se plaça sur le cheval de Nick Whiffles, et le guide sur celui de Kenneth. Comme ils allaient s’éloigner, Tom leur dit :

— Il faut, avant, que je jette encore un coup d’œil sur l’île. Ah ! ah ! les reptiles viennent d’aborder.

S’adressant ensuite à Kenneth ;

— Êtes-vous bon marcheur, monsieur ?

— Vous verrez qu’il n’est pas aisé de me fatiguer, répondit-il. Jamais le manque d’action n’a affaibli mes membres.

— Tant mieux ! tant mieux ! allons en avant ! Au fort[1] le plus prés, vous savez, Saül Vander. Poussez aussi vite que vos blessures vous le permettront, et si nous ne pouvons vous suivre, laissez-nous derrière. Nous saurons bien veiller sur nous.

Le guide regarda un instant le soleil, les bois, le lac et les cieux, puis il s’orienta d’après des indices dont l’expérience, à défaut de la science, lui avaient appris la précision.

  1. Les immenses territoires de la baie d’Hudson, qui n’embrassent pas moins de 4 millions de milles carrés, sont semés, à des distances considérables, de forts, où les agents de la Compagnie font la traite avec les sauvages. Ces forts sont les caravansérails du désert américain.