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— Ne me laissez pas seule ici, je vous en conjure ! Une heure de plus dans ces ténèbres et je serais folle ! s’écria Sylveen.

Hagar, accroupie sur ses pieds, se lamentait d’une façon risible. Nick ramassa la lampe qu’elle avait posée près d’elle, et marmotta en regardant la négresse :

— Que faire de ce paquet d’ébène ?

— Ne lui faites pas de mal, demanda Sylveen.

— Elle va geindre et pleurnicher comme une personne naturelle. Essayons, pourtant.

Et s’adressant à Hagar :

— Cesse de piauler. Et si ta bouges, après que nous serons partis, je reviens te couper aussi menue que chair à pâté ; tu m’entends. Maintenant, sortons, mamselle Vander. Je vas vous mener en un lieu qui n’est pas aussi sépulcral que celui-ci.

— Merci de vos bonnes paroles, dit Sylveen.

Ils quittèrent la petite cellule, dont Nick referma la porte avec soin, en réitérant ses menaces à la négresse.

— Je vas, dit il ensuite à Sylveen, vous conduire dans la cuisine de ces écumeurs de terre. Il y a du feu, et vous y serez, durant quelques minutes, aussi en sûreté que partout ailleurs.

Ils furent bientôt rendus dans le laboratoire culinaire d’Hagar.

— Cachez-vous dans un coin sombre, dit encore Whiffles à sa compagne, et n’ayez pas peur. Il est temps que je dise un mot à ce brigand de factionnaire.

— Oh ! pour l’amour de Dieu, n’exposez pas votre vie ! Je ne me pardonnerais jamais d’avoir été la cause…

— Chut ! chut ! ne parlons pas de ça, Bouton-de-rose. Rien ne me serait plus agréable que de me mettre dans quelque maudite petite difficulté pour vous défendre. Il y a en vous quelque chose de si intéressant… suffit ! Le bonhomme Nick ne vous abandonnera jamais, tant que vous aurez un ennemi au monde ; non, par Dieu ! ajouta-t-il en allongeant résolument le bras du côté où la sentinelle montait sa garde.