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CHAPITRE II

Saül Vander


Le soleil d’une agréable matinée de printemps étincelait sur la blanche petite tente de Saül Vander, vis-à-vis de l’embouchure de l’Assiniboine.

Saül Vander était un ancien résident, généralement connu dans le pays sous le nom de vieux Saül le guide. On lui donnait la réputation méritée de connaître à fond les bois, prairies, montagnes, rivières et lacs. Il avait une physionomie honnête et ouverte qui prédisposait beaucoup eu sa faveur.

Cependant, ses traits, endurcis par la fatigue et les intempéries, annonçaient une volonté opiniâtre. Le son de sa voix dénotait aussi un homme ferme et résolu. Il avait habituellement l’air grave ; mais rarement cette gravité dégénérait en tristesse. Nous mentionnerons deux particularités de son caractère : Saül Vander considérait que la légèreté et la rodomontade étaient indignes d’un homme et il supportait difficilement les contradictions.

Au moment où nous le présentons au lecteur, Saül Vander, assis à la porte de sa tente, fourbissait les armes nécessaires à sa profession. Près de lui, se tenait une jeune personne qui, par la beauté de ses formes et la grâce de son attitude, était bien propre à inspirer de l’intérêt. Petite de taille, mais admirablement faite, elle rappelait les chefs-d’œuvre de la statuaire antique. L’idée de la perfection s’attachait naturellement aux contours classiques de