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CHAPITRE XXI

Hospitalité souterraine


Chris Carrier saisit la pagaie et bientôt l’esquif toucha à l’entrée de la retraite souterraine où, deux fois, nous avons introduit le lecteur.

Le père Louis se montrait jovial à l’excès. « Le breuvage non consacré » produisait clairement ses effets légitimes sur son « organisation. » Il paraissait assez indifférent à ce qui l’entourait, tandis que Wa-wa-be-zo-win, d’une race naturellement circonspecte et prudente, regardait avec méfiance la sombre avenue de la caverne. Sa fille montrait aussi quelque répugnance à aller plus loin.

— Avance, Peau-rouge, et n’aie pas peur, cria Chris. Tu as déjà vu de plus vilaines places que celle-ci, j’en suis sûr.

Puis à l’Indienne :

— Marche, la belle aux yeux noirs ! n’aie pas l’air d’une chèvre effarouchée. Il n’y a rien ici qui te puisse blesser.

Et à Mark :

— Avez-vous remarqué ses regards, capitaine ? Ils sont plus pointus que des aiguilles. Je suis certain qu’elle a dans l’esprit un gros tas de méchancetés. Il ne doit pas faire bon lui marcher sur le bout des orteils. Cependant, après tout, on ne peut s’empêcher de la lorgner. Sans cette mine féroce qu’elle prend, de temps à autre, ça ferait une fière femme pour un gaillard de ma trempe.

— Demande-la à son père, répondit sèchement Mark.