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cueille dans les champs et dans les manufactures pour les besoins personnels de l’homme, sa nourriture, son vêtement, l’ornement de son logis, pour la satisfaction de son corps et de son esprit. Sous cette forme, la proposition de Malthus est mathématiquement vraie, et elle pourrait servir de fondement à un traité méthodique et complet d’économie politique.

Cela admis, il n’est pas difficile de voir combien on a tort de faire un crime à l’économie politique de prendre la défense de ce capital dont quelques personnes, quelques écoles, ont imaginé, de nos jours, de faire une sorte de vampire contre lequel on excite le ressentiment des populations ouvrières. Il se trouve, en effet, si ce que je viens de dire est fondé, que le capital, au lieu d’être l’ennemi de l’ouvrier, lui rend un grand service, le plus grand des services possibles dans l’ordre matériel. Puisque le capital, sous l’une de ses formes, est l’instrument de toute espèce dont l’homme s’assiste dans le travail, s’il n’y avait pas de capital, le genre humain serait réduit à tout faire de ses dix doigts et de ses muscles, sans que les éléments, les forces de la nature et les êtres de la création lui donnassent aucun secours, tout comme les malheureux Fellahs que le vice-roi d’Égypte, Méhémet-Ali, avait réunis au nombre de cent mille pour leur faire creuser, sans autres outils que leurs ongles, le canal d’Alexandrie au Nil, et dont vingt ou trente mille y périrent d’épuisement, Puisque la seconde forme du capital, c’est la masse des approvisionnements formés d’avance en tout genre, s’il n’y avait pas de capital, le genre humain serait, pour sa subsistance, dans la condition des oiseaux du ciel, qui vaguent pour trouver leur pâture, ou de ces misérables tribus d’Esquimaux qui, un jour, quand la pêche a été bonne, se gorgent, comme des animaux voraces, du poisson que leur a livré la mer, et qui, le lendemain, si la tempête ne leur permet de renou-