ment, pour la gloire de la patrie, sans doute, mais aussi pour l’anxiété des générations présentes.
La réforme sociale, qui suit son cours en Europe depuis plus d’un demi-siècle, n’a pas été marquée, à beaucoup près, par autant de catastrophes et de déceptions que la réforme politique proprement dite, qui l’accompagne. Elle marche, comme toutes les affaires de ce monde, par soubresauts, et plus d’une fois le navire a penché, à l’extrême, d’un côté, sauf, quelque temps après, à incliner excessivement sur le bord opposé. Cependant les intérêts sociaux, par leur masse, offrent une telle résistance au mouvement, toute société qui a de la vie gravite avec une telle puissance vers une situation d’équilibre, qu’en somme, il y a lieu de le déclarer à l’honneur de la civilisation, jusqu’ici les modifications qu’ont subies effectivement les principes sociaux ont mérité et obtenu la sanction de la raison et de la morale. À proprement parler, il n’a point été introduit de principes nouveaux. Ce qu’on a fait se borne réellement à donner plus d’extension à des principes anciens comme le monde, qui étaient connus et pratiqués, dans une certaine mesure, depuis l’origine des sociétés, parce qu’ils découlent de la nature humaine, telle que Dieu l’a faite.
La politique proprement dite, qui certainement n’est pas indifférente au bien-être des hommes, mais dont l’état social corrige puissamment les imperfections, a été livrée aux orages des passions. Le sophisme et la folie y ont eu plus d’une fois l’empire. Jusqu’au moment actuel, la société, par une force providentielle trop peu comptée dans les calculs des penseurs, je veux dire par l’inertie ou la routine, a résisté aux changements insensés ou coupables que quelques téméraires ont voulu lui imposer. Malgré de formidables assauts, par un instinct de conservation merveilleux et invincible, elle n’a laissé introduire dans le corps de la place que ce qui était vrai. Elle ne s’est assimilé des nouveautés que ce qui était conforme à l’hygiène sociale. Ce qui était faux ou dangereux est resté à l’écart, comme une dépouillé empestée. C’est cette expérience acquise qui doit nous rassurer, messieurs, au sujet des innovations qui se sont produites dans ces derniers temps. Elles nous auront grandement alarmés, elles nous auront fourni matière à réfléchir ; mais de tous les systèmes dont nous avons été inondés, il ne survivra rien, absolument rien, après quelque délai, que ce qui pourrait en être digne.
Le changement le plus radical qu’on ait apporté à l’organisation sociale, en même temps qu’à l’organisation politique, a consisté à proclamer les principes de liberté et d’égalité. Ces principes n’étaient pas neufs sur la terre, et en m’exprimant ainsi, ce n’est pas un reproche que je leur adresse, c’est leur éloge que je fais. Il me semble que les idées qui aspirent à se faire reconnaître à titre de principes sociaux ont à fournir leurs preuves d’ancienneté. C’est à elles qu’on est fondé à demander le nombre de leurs quartiers. Si elles n’en avaient pas à