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contre l’ensemble de ces lectures et par un étonnement indigné de ce que les jeunes coursiers en question ne lisent pas L’Égoïste et Solness le constructeur. C’est la coutume, particulièrement chez les magistrats, d’attribuer la moitié des crimes de la métropole aux petits romans bon marché. Si un garnement crasseux s’enfuit avec une pomme, le magistrat fait astucieusement remarquer que la connaissance de l’enfant de ce que les pommes apaisent la faim a pour origine quelques curieuses recherches littéraires. Les jeunes garçons eux-mêmes, quand ils se repentent, accusent souvent avec beaucoup d’amertume les petits romans, ce qui est tout ce que l’on peut attendre de jeunes gens ne possédant pas le moindre sens inné de l’humour. Si j’avais falsifié un testament et si je pouvais obtenir de la sympathie en faisant remonter l’incident à l’influence des romans de M. George Moore, je prendrais le plus grand plaisir à cette diversion. En tout cas, il est fermement ancré dans l’esprit de la plupart des gens que les jeunes garçons des bas-fonds, à la différence de tous les autres membres de la communauté, trouvent leurs principaux motifs de conduite dans les livres imprimés.

Mais il est parfaitement clair que cette objection, l’objection portée par les magistrats, n’a rien à voir avec le mérite littéraire. Écrire de mauvaises histoires n’est pas un crime. M. Hall Caine se promène ouvertement par les rues, et on ne peut le mettre en prison pour un dénouement décevant.