CHAPITRE V
LE REPAS ÉPOUVANTABLE
Tout d’abord, Syme crut l’escalier de pierre désert comme une pyramide. Mais, avant d’avoir atteint le dernier degré, il se rendit compte qu’il y avait un homme accoudé au parapet, et que cet homme regardait le fleuve. Son aspect était très ordinaire. Il portait un chapeau de soie et une redingote correcte ; il avait une fleur rouge à la boutonnière. De marche en marche, la distance diminuait entre eux ; l’homme ne bougeait pas. Syme put l’approcher d’assez près pour observer, à la pâle lumière du matin, que la figure de l’inconnu était longue, blême, intelligente et se terminait par une touffe de barbe noire, les lèvres et les joues étant soigneusement rasées, et ces quelques poils semblaient oubliés là, par simple négligence. Cette figure anguleuse, ascétique, noble à sa façon, était de celles auxquelles la barbe ne sied pas.
Et, tout en faisant ces remarques, Syme se rapprochait toujours ; et l’homme restait toujours immobile.
Au premier regard, Syme avait eu l’intuition que cet homme était là pour l’attendre. Puis, ne