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et murmura le nom de Syme. Mais Syme, d’un ton presque impertinent :

— J’ai vu avec plaisir, fit-il, que votre porte est bien gardée et qu’il serait impossible à tout autre qu’un délégué de pénétrer chez vous.

Pourtant les sourcils du petit homme à barbe noire restaient froncés, et le soupçon était visible dans son regard interrogateur.

— Quelle section représentez-vous ? demanda-t-il sur un ton cassant, ou quelle branche ?

— Ce n’est pas précisément une branche, corrigea Syme en riant, ce serait plutôt une racine.

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que je suis un Sabbatarien. J’ai été envoyé ici pour m’assurer que vous rendez à Dimanche les honneurs qui lui sont dus.

Le petit homme laissa tomber un de ses papiers. Un frisson d’épouvante crispait tous les visages. Évidemment, le président Dimanche envoyait quelquefois de ces ambassadeurs irréguliers aux réunions des sections.

— Eh bien, camarade, dit le petit homme, je pense que nous ferons bien de vous donner un siège à notre réunion ?

— Si c’est un conseil amical que vous me demandez, répliqua Syme avec une bienveillance sévère, je vous dirai que c’est ce que vous avez de mieux à faire.

Quand il put s’assurer que le dangereux dialogue avait pris fin et que son rival était en sécurité,