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CHAPITRE II

LE SECRET DE GABRIEL SYME

Le cab s’arrêta devant un bar particulièrement sale et répugnant, où Gregory se hâta d’introduire son compagnon. Ils s’assirent, dans une sorte d’arrière-boutique sombre et mal aérée, devant une table de bois souillée, portée par un pied de bois unique.

La pièce était si mal éclairée qu’il était impossible de distinguer les traits du garçon ; Syme n’eut que l’impression vague de quelque chose de puissant, de massif, de barbu.

— Voulez-vous prendre un léger souper ? demanda Gregory, affable. Le pâté de foie gras n’est pas fameux ici ; mais je peux vous recommander le gibier.

Syme ne broncha pas, croyant à une plaisanterie, et, dans la même veine d’humour, avec le ton détaché d’un homme bien élevé :

— Donnez-moi plutôt une langouste à la mayonnaise, dit-il.

À sa grande surprise, il entendit le garçon lui répondre :

— Bien, monsieur.

Et il le vit s’éloigner, sans doute pour aller chercher ce qu’on venait de lui demander.