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— Monsieur devra s’habiller en Jeudi, dit le valet, affable.

— En Jeudi, répéta Syme, toujours plongé dans ses méditations. Cela ne me paraît pas bien chaud.

— Oh ! Monsieur, cela est très chaud, cela monte jusqu’au menton.

— Soit, dit Syme avec un soupir. Je n’y comprends rien du tout. Je suis depuis si longtemps habitué aux aventures désagréables qu’il suffit d’une circonstance agréable pour me démonter. Mais il m’est peut-être permis de demander pourquoi je ressemblerai particulièrement à Jeudi en revêtant cette blouse verte, décorée du soleil et de la lune. Cette étoile et cette planète brillent les autres jours aussi. Je me rappelle avoir vu la lune un mardi.

— Pardon, Monsieur, dit le valet : la Bible a pris soin de Monsieur.

Et, d’un doigt respectueusement allongé, il attira l’attention de Syme sur un verset du premier chapitre de la Genèse. Syme le lut avec étonnement. C’était ce passage où le quatrième jour de la semaine est associé à la création du soleil et de la lune. Ici, du moins, on comptait les jours à partir du dimanche chrétien.

— Cela devient de plus en plus étrange, dit Syme, en s’asseyant sur une chaise. Qu’est-ce que ces gens qui fournissent du faisan froid, du bourgogne, des habits verts, des bibles ? Ne fournissent-ils pas autre chose encore ? n’importe quoi ? tout ?