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de la forêt, et son visage, les teintes du ciel, exactement : or, rouge et bronze.

— Montrez-nous le chemin, dit-il.

Aussitôt, l’homme tourna le dos et se dirigea vers un endroit de la haie où, par une brèche, apparaissait la ligne blanche de la route.

Sur cette route, les six voyageurs virent une file de voitures, comme il y en a aux abords d’un hôtel de Park Lane. Auprès de ces équipages se tenaient des valets vêtus de la livrée gris-bleu. Ils avaient tous ce maintien fier et solennel, très rare chez les serviteurs d’un simple particulier, et qui caractérise plutôt les officiers et ambassadeurs d’un grand roi.

Il n’y avait pas moins de six équipages, un pour chacun des pauvres déguenillés. Comme s’ils eussent été en habit de cour, les valets portaient l’épée au côté, et au moment de monter en voiture, chacun des amis de Syme fut salué d’un soudain flamboiement d’acier.

— Qu’est-ce que tout cela peut bien signifier ? demanda Bull à Syme au moment où ils se séparèrent. Serait-ce une nouvelle plaisanterie de Dimanche ?

— Je ne sais, répondit Syme en se laissant tomber sur les coussins ; mais, si plaisanterie il y a, elle est de celles dont vous parliez : elle est sans malice.

Les six aventuriers avaient passé par bien des aventures, mais celle-ci avait ceci de particulière-