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Le colonel sourit derrière sa rude moustache blanche.

— Pour deux raisons, monsieur, répondit-il, et je vous donnerai d’abord non pas la plus importante mais la plus utilitaire. Nous sommes venus ici parce que c’est le seul endroit jusqu’à vingt lieues à la ronde où nous puissions trouver des chevaux.

— Des chevaux ! répéta Syme en levant les yeux sur le colonel.

— Oui ! Si vous voulez échapper aux gens qui vous poursuivent, il vous faut des chevaux. À moins, bien entendu, que vous n’ayez dans vos poches des bicyclettes ou des automobiles…

— Et où devons-nous nous diriger selon vous ? demanda Syme.

— Sans aucun doute, le mieux que vous puissiez faire est de vous rendre en toute hâte au poste de police, qui est à l’autre bout de la ville. Mon ami, à qui j’ai servi de témoin dans des circonstances passablement exceptionnelles, exagère grandement, je l’espère, quand il parle de la possibilité d’un soulèvement général ; mais il n’oserait pas contester lui-même, je pense, que vous soyez à l’abri auprès des gendarmes.

Syme fit gravement un signe de tête, puis demanda :

— Et votre autre raison, pour nous avoir conduits ici ?

— C’est, répondit Ducroix simplement, qu’il