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dans des conditions désespérées contre une vaste conspiration. Une société secrète d’anarchistes nous poursuit comme des lapins. Il ne s’agit pas de ces pauvres fous qui, poussés par la philosophie allemande ou par la faim, jettent de temps en temps une bombe ; il s’agit d’une riche, fanatique et puissante Église : l’Église du Pessimisme occidental, qui s’est proposé comme une tâche sacrée la destruction de l’humanité comme d’une vermine. Ces misérables nous traquent, et vous pouvez juger de l’ardeur de leur poursuite par les déguisements dont vous voyez que nous avons dû nous affubler et pour lesquels je vous présente nos excuses et par des folies comme celles dont vous êtes victimes.

Le plus jeune des témoins du marquis, un petit homme à la moustache noire, s’inclina poliment et dit :

— J’accepte vos excuses, c’est entendu ; de votre côté, veuillez m’excuser si je refuse de vous suivre plus loin dans votre dangereuse entreprise et si je me permets de vous tirer ma révérence. Je n’ai pas l’habitude de voir mes concitoyens, et notamment l’un des plus distingués d’entre eux, se mettre en morceaux sous le regard du jour. Pour aujourd’hui, j’en ai assez. Colonel Ducroix, je ne voudrais pas le moins du monde peser sur votre décision, mais j’estime que notre présence ici ne saurait plus s’expliquer et je vous informe que je rentre en ville de ce pas.