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rection que le fugitif avait dû prendre. En traversant la profonde alcôve formée par le vestiaire, ils virent une petite silhouette vêtue de noir, sans doute le gardien, se tenant dans l’ombre, à une certaine distance de l’entrée.

— Eh là ! cria le duc… Avez-vous vu passer quelqu’un ?

Le petit homme ne répondit pas directement, mais dit simplement :

— Peut-être pourrai-je vous rendre ce que vous cherchez, messieurs.

Ils s’arrêtèrent, hésitants et surpris, tandis que le petit homme se dirigeait tranquillement vers le fond du vestiaire, et en revenait les deux mains remplies d’objets d’argent qu’il déposa sur le comptoir, avec le flegme d’un bijoutier. C’étaient douze fourchettes et douze couteaux d’une forme bizarre.

— Vous… vous… commença le colonel, qui avait enfin perdu son calme.

Il pénétra dans la petite chambre obscure et remarqua deux choses : d’abord, que le petit homme vêtu de noir portait l’habit d’un clergyman, et, deuxièmement, que la fenêtre de la chambre, derrière lui, avait été forcée, comme si quelqu’un avait passé par là.

— Des objets de valeur, pour les déposer dans un vestiaire, n’est-ce pas ? remarqua gaiement le clergyman.

— Avez-vous… avez-vous volé ces couverts ? balbutia M. Audley, stupéfait.

— Si je l’ai fait, dit plaisamment l’ecclésiastique, je vous les rends maintenant.