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le lecteur peut naturellement s’étonner que j’aie jamais eu conscience de son existence, et se demander comment une personne aussi vulgaire que mon ami le Père Brown ait jamais eu quelque chose à faire dans cette galère dorée. Quant à cette dernière question, ma réponse sera simple et banale. Il y a, dans ce monde, un très vieil émeutier, un antique démagogue, qui pénètre dans les retraites les plus raffinées pour y porter cette terrible nouvelle que tous les hommes sont frères. Partout où ce niveleur, passait sur son cheval blanc, le Père Brown, en vertu de son métier, passait à sa suite. L’un des garçons, un Italien, avait été terrassé par la paralysie, au cours de l’après-midi, et son patron juif, tout en s’étonnant un peu de la survivance de telles superstitions, lui avait permis d’envoyer chercher un prêtre papiste. Nous ne pouvons dire quelle fut la confession du garçon, pour l’excellente raison que le Père Brown la garda pour lui, mais elle l’induisit apparemment à rédiger soit une note, soit une déclaration qui devait être transmise à quelqu’un ou réparer certains torts. Avec une humble impudence, qu’il eût aussi bien manifestée dans le palais de Buckingham, le prêtre pria qu’on lui fournît une chambre et ce qu’il faut pour écrire. M. Lever se trouva dans une cruelle alternative. C’était un brave homme, qui pratiquait à un haut degré cette mauvaise imitation de la bonté qui n’est qu’une horreur des scènes et des difficultés. Et, d’autre part, la présence de cet intrus dans son hôtel, ce soir-là, lui faisait l’effet d’une tache de poussière sur un objet qu’on vient