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tout faire, tout pour briser ce qu’il appelle la superstition de la Croix. Il a combattu pour cette cause, il a souffert la faim pour elle, et, aujourd’hui, il a tué pour elle. Jusqu’à présent, les millions folâtres de Brayne s’étaient éparpillés parmi différentes sectes, de sorte que ses largesses n’en altéraient guère l’équilibre. Mais Valentin apprit que Brayne, comme tant d’autres sceptiques inconséquents, se rapprochait de nous ; ce qui, à son point de vue, présentait un bien plus grave danger. Brayne allait alimenter la caisse de l’Église française, appauvrie et combative ; il allait fournir des fonds à une demi-douzaine de journaux nationalistes du genre de la Guillotine. La bataille était, en ce moment, indécise, et le fanatique brûla ses vaisseaux. Il résolut de se débarrasser du millionnaire et il le fit comme on pouvait s’attendre à voir le premier des détectives commettre son seul crime. Il emporta chez lui, dans sa valise officielle, sous prétexte de quelque examen criminologique, la tête de Becker. Il eut, avec Brayne, cette dernière discussion dont Lord Galloway n’entendit pas la fin. N’ayant pu le convaincre, il le conduisit au jardin, mit la conversation sur ses exploits d’escrimeur, employa le sabre et les baguettes pour illustrer ses démonstrations, etc…

Ivan le balafré ne fit qu’un saut.

— Espèce de toqué, hurla-t-il, vous allez trouver mon maître à l’instant, même si je dois…

— Mais c’est précisément là que je vais, dit Brown tristement, je dois lui demander de se confesser, et le reste…