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sés, et était encore teintée de l’éclat rougeâtre du soleil levant. Valentin et son valet Ivan attendaient les visiteurs, au fond, derrière un vaste pupitre légèrement incliné, sur lequel était déposé le cadavre, encore agrandi par la pénombre. Le grand corps vêtu de noir et la face jaune de l’homme trouvé dans le jardin n’avaient pas changé. La deuxième tête, qui avait été découverte, le matin, parmi les roseaux du fleuve, se trouvait à côté, encore ruisselante. Les hommes de Valentin n’avaient pas encore retrouvé le second corps qui devait flotter non loin de là. Le Père Brown, qui ne semblait pas partager le moins du monde les répugnances d’O’Brien, s’approcha de la deuxième tête et l’examina de près, en clignant des yeux, suivant son habitude. On ne distinguait guère plus qu’une touffe humide de cheveux blancs que la lumière rouge du matin frangeait d’un feu d’argent ; la face pourpre, qui semblait déceler un type repoussant et peut-être criminel, avait été considérablement défigurée par les arbres ou les pierres parmi lesquels elle avait dû être roulée.

— Bonjour, commandant O’Brien, dit Valentin, d’une voix calme et cordiale, vous avez déjà appris, je suppose, le dernier exploit de Brayne ?

Le Père Brown était encore penché sur la tête aux cheveux blancs. Il dit, sans se redresser :

— Vous n’avez, je suppose, aucun doute que Brayne ait également coupé cette tête ?

— Cela semble suffisamment indiqué, dit Valentin, les mains dans les poches. Coupée de la même manière que l’autre, trouvée à quelques