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sauvage qu’il continuât à sabrer son cadavre, au clair de lune ?

— C’est horrible ! dit O’Brien, en frissonnant.

Le père Brown était survenu, tandis qu’ils causaient et avait attendu, avec la timidité qui le caractérisait, qu’ils eussent fini de parler. Puis il dit gauchement :

— Je regrette de vous interrompre. Mais on m’a envoyé vous dire les nouvelles !

— Des nouvelles ? répéta Simon, en le regardant soucieusement à travers ses lorgnons.

— Oui, j’en suis fâché, dit doucement le Père Brown. C’est qu’il y a eu un deuxième meurtre, voyez-vous.

Les deux hommes se dressèrent si brusquement que le banc faillit culbuter.

— Et ce qui est plus curieux, ajouta le prêtre, en fixant les rhododendrons d’un œil vague, c’est que c’est un autre crime de la même espèce, une deuxième décollation. On a trouvé la seconde tête encore saignante, dans la rivière, à quelques mètres de la route suivie par Brayne pour se rendre à Paris. Ils supposent donc qu’il…

— Grand Dieu ! s’écria O’Brien, Brayne était-il monomane ?

— Il y a des vendettas en Amérique, dit le prêtre avec calme.

Puis il ajouta :

— On vous demande de venir à la bibliothèque pour le voir.

Le commandant O’Brien suivit ses compagnons avec un sentiment d’écœurement. En sa qualité