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vant la tête. Va chercher M. Brayne, Ivan, et amène-le ici à l’instant.

Dès que son factotum eut fermé la porte, Valentin s’adressa à la jeune fille, sur un ton empreint d’une nouvelle gravité.

— Lady Margaret, dit-il, nous sommes tous remplis, j’en suis convaincu, de gratitude et de reconnaissance pour la manière dont vous vous êtes élevée au-dessus d’un faux préjugé pour justifier la conduite du commandant. Mais il n’en subsiste pas moins un hiatus. Si je comprends bien, Lord Galloway vous a rencontrée, lorsque vous passiez du bureau dans le salon. Et ce n’est que quelques minutes plus tard qu’il entra dans le jardin et qu’il y trouva M. O’Brien.

— Vous devez vous souvenir, repartit Margaret, avec une nuance d’ironie, que je venais de repousser sa demande ; dans ces circonstances, nous ne pouvions naturellement rentrer bras-dessus bras-dessous. C’est un gentleman, et il m’a laissée le devancer pour se voir accuser d’un crime.

— Durant ces quelques instants, dit Valentin gravement, il peut vraiment avoir…

On frappa de nouveau, et la tête balafrée d’Ivan apparut dans l’entre-bâillement de la porte.

— Excusez-moi, monsieur, mais M. Brayne a quitté la maison, dit-il.

— Quitté la maison ! s’écria Valentin, en se levant pour la première fois.

— Parti, envolé, évaporé ! répondit Ivan, dans le langage humoristique des Français. Son chapeau et son paletot ont également disparu. Et