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assistants se glaça dans leurs veines, comme s’ils avaient entendu frapper à la porte du château de Macbeth. Dans le silence qui succéda, le docteur Simon répondit :

— Un sabre — oui, la chose serait possible.

— Merci, dit Valentin. Entre, Ivan.

L’homme de confiance ouvrit la porte, et introduisit le commandant Neil O’Brien, qu’il avait enfin trouvé, arpentant de nouveau le jardin.

L’officier irlandais s’arrêta sur le seuil, les traits troublés, l’œil provoquant :

— Que me voulez-vous ? cria-t-il.

— Asseyez-vous, je vous prie, dit Valentin d’une voix douce et égale. Tiens, vous ne portez plus votre sabre. Où est-il ?

— Je l’ai laissé sur la table de la bibliothèque, dit O’Brien, son accent étranger s’accusant encore dans son émotion. Il me gênait.

— Ivan ! interrompit Valentin, va chercher le sabre du commandant dans la bibliothèque.

Puis, lorsque le domestique eut disparu :

— Lord Galloway dit qu’il vous a vu quitter le jardin, un instant avant de découvrir le cadavre. Que faisiez-vous dans le jardin ?

Le commandant se laissa tomber sur une chaise.

— Oh ! cria-t-il, j’admirais la lune. Je communiais avec la nature, mon garçon.

Un lourd silence suivit. Il fut enfin rompu par le bruit terrible et familier de trois coups frappés à la porte. Ivan apparut, portant un fourreau d’acier vide.

— C’est tout ce que je puis trouver, dit-il.