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sonne eût pu faire un mouvement, Valentin continua avec la même concision militaire :

— Tout le monde ici sait qu’un cadavre a été découvert dans le jardin, la tête séparée du tronc. Docteur Simon, vous l’avez examiné. Croyez-vous qu’il faille une grande force pour couper ainsi le cou d’un homme ? Ou bien un couteau très effilé suffirait-il ?

— Il me semble qu’on ne pourrait réussir à le faire à l’aide d’un couteau, répondit le pâle médecin.

— Pourriez-vous suggérer, reprit Valentin, un instrument à l’aide duquel une telle opération serait rendue praticable ?

— En tenant compte de notre outillage moderne, cela m’est impossible, dit le docteur, en élevant soucieusement les sourcils. Il n’est pas facile de détacher la tête du tronc, même maladroitement, et l’entaille ici est parfaitement nette. Le meurtrier peut s’être servi d’une hache d’armes, ou d’une ancienne hache de bourreau, ou d’un de ces anciens glaives que l’on maniait à deux mains.

— Mais, bonté du ciel ! cria la duchesse, presque en pleurant, il n’y a ici ni glaives, ni haches d’armes.

Valentin continuait à prendre des notes sur le papier placé devant lui.

— Dites-moi, fit-il, tout en écrivant rapidement, aurait-il pu employer un sabre de cavalerie ?

On frappa doucement à la porte. À ce bruit, pour quelque raison inexplicable, le sang des