Mais, dès qu’il eut ouvert la porte du salon, il ne vit plus qu’une chose, il vit ce qui n’y était pas. Le commandant O’Brien et Lady Margaret étaient tous deux absents.
Il quitta cette chambre, aussi brusquement qu’il avait quitté l’autre, et arpenta de nouveau le corridor. Une seule idée le préoccupait maintenant : protéger sa fille contre les entreprises de ce vaurien irlandais-algérien. Comme il se dirigeait vers le bureau de Valentin, il fut surpris de rencontrer sa fille qui passa rapidement devant lui, pâle et dédaigneuse. Ce fut pour lui une nouvelle énigme. Si elle avait été avec O’Brien, où était O’Brien ? Si elle n’avait pas été avec lui, où avait-elle été ? Emporté par un soupçon furieux, il chercha à tâtons son chemin à travers cette partie de la maison, plongée dans l’obscurité, et trouva enfin une issue de service ouvrant sur le jardin. La lune avait achevé de déchirer, de son cimeterre, les nuées d’orage. Sa lumière argentée éclairait les quatre coins du jardin. Une haute silhouette, vêtue de bleu, traversait la pelouse pour gagner la porte du bureau. Un reflet de lune, sur l’uniforme, lui permit de reconnaître le commandant O’Brien.
Celui-ci entra dans la maison par la porte vitrée, et Lord Galloway resta plongé dans un état d’esprit indescriptible, à la fois violent et vague. Le jardin bleu et argent, comme une scène de théâtre, semblait l’attirer et suscitait impérieusement en lui ces sentiments de tendresse contre lesquels se révoltait son esprit autoritaire. L’élégance de la démarche de l’Irlandais excitait sa