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— Je vois, dit froidement le Père Brown, avec la même politesse. Merci.

La jeune fille fondit en larmes, succombant sous le poids de ses souvenirs, et le prêtre passa dans la chambre voisine, où il trouva Gilder et Merton seuls avec Patrick Royce, assis sur une chaise, les menottes aux poignets. Il demanda à l’inspecteur, avec docilité :

— Puis-je dire un mot au prisonnier, en votre présence ? Et voulez-vous lui permettre d’enlever, pendant une minute, ces drôles de manchettes ?

— Il est très fort, dit Merton, à voix basse. Pourquoi désirez-vous qu’on les enlève ?

— Je pensais, reprit le prêtre humblement, que je pourrais avoir l’extrême honneur de lui serrer la main.

Les deux détectives le regardèrent surpris, et le Père Brown ajouta, s’adressant au prisonnier :

— Ne voulez-vous pas tout leur dire, monsieur ?

L’homme, sur la chaise, secoua sa tête ébouriffée, et le prêtre se détourna avec un mouvement d’impatience.

— Je m’en chargerai donc, dit-il. J’attache plus de prix aux vies privées qu’aux réputations publiques. Je sauverai le vivant et laisserai les morts prendre soin de leur mort.

Il s’approcha de la fenêtre et regarda au dehors, tandis qu’il parlait.

— Je vous ai dit que, dans cette affaire, il y avait trop d’armes pour une seule mort. Je vous