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dans la chambre voisine et, avant qu’il eût pu ouvrir la bouche, elle lui dit d’un ton incisif :

— Vous êtes un homme très habile, et vous voulez tenter de sauver Patrick, je le sais. Mais c’est inutile. Le fond de tout ceci est sombre et plus vous poursuivrez vos recherches, plus vous trouverez de preuves contre le malheureux que j’aime.

— Pourquoi ? dit Brown, en la regardant fixement.

— Parce que, répondit-elle avec la même fermeté, je l’ai vu de mes yeux commettre le crime.

— Ah ! dit Brown impassible, et qu’a-t-il fait ?

— J’étais dans cette chambre, à côté d’eux. Les deux portes étaient fermées, mais j’entendis, tout à coup, une voix telle que je n’en avais jamais entendue, hurlant : « Damnation ! Damnation ! » plusieurs fois de suite. Puis la maison fut ébranlée par la détonation d’un revolver. Trois autres détonations suivirent, avant que j’eusse pu ouvrir la porte. La chambre était pleine de fumée, mais le revolver fumait dans la main de mon pauvre Patrick, et je le vis, de mes yeux, tirer les derniers coups. Puis il bondit sur mon père qui, terrorisé, se cramponnait à l’appui de la fenêtre, et s’efforça de l’étrangler à l’aide de la corde. Il tenta de fixer le nœud coulant autour du cou de sa victime, mais il glissa jusqu’aux pieds, à la suite des efforts que mon père fit pour se dégager. Une des jambes resta prise et Patrick tira sur la corde comme un fou. Je saisis un couteau et, me précipitant entre eux, je réussis à couper la corde avant de m’évanouir.