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figure, à quatre pattes sur le plancher, reprit avec une extraordinaire volubilité.

— Il y a ici trois choses impossibles. D’abord ces trous dans le tapis où les six balles se sont perdues. Pourquoi le meurtrier s’est-il amusé à cribler de balles ce tapis ? Un homme ivre s’en prend à la tête de son ennemi, à ses yeux qui le bravent. Il ne se prend pas de querelle avec ses pieds et il ne met pas le siège devant ses pantoufles.

Ensuite, cette corde — et, ayant fini d’examiner le plancher, l’orateur mit les mains en poche, mais continua familièrement à parler à genoux, — dans quel état d’ébriété un homme doit-il être pour attacher d’abord une corde autour du cou de sa victime et pour la fixer ensuite autour de ses jambes ? Enfin, et surtout, cette bouteille de whisky. Vous imaginez-vous un ivrogne, luttant pour s’emparer d’une bouteille de whisky, et qui, après l’avoir conquise, la laisse rouler dans un coin, renversant la moitié par terre et laissant le reste ? C’est bien la dernière chose à laquelle on devrait s’attendre de sa part.

Il se releva gauchement et dit au prétendu meurtrier, sur un ton de profonde contrition :

— J’en suis fort fâché, mon cher monsieur, mais votre histoire ne tient réellement pas debout.

— Monsieur, dit Alice Armstrong à l’oreille du Père Brown, puis-je m’entretenir seule avec vous, pendant un instant ?

Cette demande força le loquace petit prêtre à sortir dans le corridor. La jeune fille l’entraîna