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d’une voix lasse, et je vous montrerai toute cette maudite affaire.

La mansarde, qui était la chambre du secrétaire (une étroite cellule pour un si grand ermite), portait, en effet, les traces évidentes d’un drame violent. Au milieu de la chambre, gisait un gros revolver, comme si on l’y avait jeté. Plus à gauche, avait roulé une bouteille de whisky, ouverte, mais renfermant encore une certaine quantité d’alcool. Le tapis, qui recouvrait la petite table, gisait par terre, piétiné, et une longue corde, semblable à celle qu’on avait retrouvée sur le cadavre, avait été jetée par-dessus l’appui de la fenêtre. Deux vases brisés gisaient sur la cheminée, et un autre sur le tapis.

— J’étais ivre, dit Royce, et la simplicité de cet aveu, chez cet homme prématurément usé, était pitoyable comme le premier péché d’un enfant.

— Vous connaissez tous mon histoire, continua-t-il d’une voix rauque, tout le monde sait comment elle commença, et elle peut aussi bien finir de la même manière. On me considérait jadis comme un homme intelligent, et j’aurais pu être un homme heureux. Armstrong sauva des tavernes les débris de mon corps et de mon cerveau. Il fut toujours bon pour moi, à sa manière, le pauvre diable ! Seulement il ne voulait pas me permettre d’épouser Alice, et l’on s’accordera pour trouver qu’il avait bien raison. Vous pouvez aisément reconstituer le drame et vous ne me forcerez pas à entrer dans les détails. Voici ma bouteille de whisky à moitié vide, dans ce