Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/344

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bouche du domestique, et le sifflet d’un train, non loin de là, sembla accentuer encore son sarcasme.

— Nous l’avons arrêté, répondit gravement le sergent, au moment où il sortait du poste de police d’Highgate, où il avait déposé toute la fortune de son maître entre les mains de l’inspecteur Robinson.

Gilder stupéfait regarda Magnus.

— Pourquoi avez-vous fait cela ? lui demanda-t-il.

— Pour la mettre à l’abri de l’assassin, naturellement, répondit l’autre avec calme.

— Il me semble que l’argent de Sir Aaron était en sûreté entre les mains de sa famille.

La fin de cette phrase fut étouffée par le rugissement du train qui passa tout contre eux, avec un fracas rythmique. Mais, à travers la tempête de bruits à laquelle cette misérable maison était constamment exposée, on entendit chaque syllabe de la réponse de Magnus, sonnant avec la précision d’une cloche :

— Je n’ai aucune raison de me fier à la famille de Sir Aaron.

Tous les hommes présents eurent l’impression qu’une nouvelle personne s’était jointe à leur groupe, et Merton fut à peine surpris, lorsqu’en levant les yeux, il aperçut le pâle visage de la fille d’Armstrong, au-dessus de l’épaule du Père Brown. Elle était encore jeune et jolie, mais ses cheveux étaient d’un brun si terne, si incolore que, dans un certain jour, ils semblaient être devenus gris.