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sur le talus vert en causant avec Patrick Royce, dont les larges épaules et la tête hérissée dominaient l’assemblée. Ceci était d’autant plus remarquable que Royce se tenait d’habitude le dos voûté, et semblait accomplir ses légers devoirs de secrétaire avec l’allure humble et puissante d’un buffle traînant une charrette à bras.

Il leva la tête avec plaisir, à la vue du prêtre, et l’entraîna quelques pas à l’écart. Dans l’entretemps Merton abordait le vieux détective avec respect, mais non sans témoigner une certaine impatience.

— Eh bien, monsieur Gilder, avez-vous éclairci davantage le mystère ?

— Il n’y a pas de mystère, répondit Gilder, en suivant d’un œil rêveur un vol de corneilles.

— Il y en a un pour moi, en tout cas, dit Merton en souriant.

— C’est tout simple, mon garçon, observa l’autre en caressant sa barbe grise, taillée en pointe. Trois minutes après que vous êtes parti chercher le prêtre de M. Royce, toute l’affaire s’est éclaircie. Vous n’avez pas oublié ce domestique au teint mal cuit et aux gants noirs qui arrêta le train ?

— Je le reconnaîtrais n’importe où. Je ne sais pourquoi, il me donnait la chair de poule.

— Eh bien, le train n’était pas plus tôt reparti, que l’homme disparut. Il faut un certain toupet, ne pensez-vous pas, pour s’échapper par le même train qui va chercher la police ?

— Vous êtes certain, je suppose, qu’il a vraiment tué son maître.