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Le Père Brown poursuivit, avec lenteur et lucidité :

— Comme vous ne vouliez laisser aucune trace de votre passage à la police, il a bien fallu que quelqu’un s’en chargeât. Partout où nous avons passé, j’ai eu soin de faire quelque chose qui fournît aux gens un sujet de conversation pour le restant de la journée. Je n’ai pas fait grand mal — une tache sur un mur, des pommes roulées dans la rue, une fenêtre cassée — mais j’ai sauvé la croix ; la croix sera toujours sauvée. Je m’étonne que vous ne m’ayez pas arrêté avec le Sifflet de l’Âne.

— Avec quoi ? demanda Flambeau.

— Je suis heureux de voir que vous ne le connaissez pas, dit le prêtre, avec une grimace. C’est une sale histoire. Je suis sûr que vous êtes trop bon pour être un Siffleur. Je n’aurais pu parer le coup, même à l’aide des Taches ; je n’ai pas les jambes assez fortes pour cela.

— Mais de quoi voulez-vous donc parler ? demanda l’autre.

— Je pensais que vous pratiquiez ce coup, dit le Père Brown, agréablement surpris. Oh ! vous ne pouvez pas encore être tombé bien bas !

— Mais comment diantre connaissez-vous ces horreurs ? cria Flambeau.

L’ombre d’un sourire effleura le visage simple et rond de son adversaire :

— Oh ! en faisant mon métier de stupide petit célibataire, je suppose. N’avez-vous jamais songé qu’un homme qui passe sa vie à entendre les autres lui conter les péchés qu’ils