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blait tourné autour de ses jambes, comme emmêlé à la suite d’une lutte. On pouvait à peine distinguer une ou deux taches de sang, mais le corps était courbé ou plutôt brisé dans une attitude qu’aucun être vivant n’eût pu conserver. C’était Sir Aaron Armstrong. Après quelques moments d’égarement, un homme de haute taille, avec une barbe blonde, sortit de la maison. Plusieurs passagers reconnurent en lui le secrétaire du mort, Patrick Royce, jadis bien connu dans les cercles de la bohème et même fameux parmi la bohème artiste. D’une manière moins précise, mais encore plus convaincante, il témoigna autant de désespoir que le domestique. Lorsque enfin la troisième personne de la maison, Alice Armstrong, la fille du mort, sortit, d’un pas hésitant, dans le jardin, le train repartit, sifflant et haletant, chercher de l’aide à la prochaine station.

C’est ainsi que le Père Brown avait été appelé d’urgence sur les lieux, à la demande de Patrick Royce, l’ex-bohème. Royce était irlandais de naissance. Il appartenait à cette classe de catholiques négligents qui ne se souviennent de leur religion que lorsqu’ils se trouvent dans l’embarras. Peut-être ne se serait-on pas empressé à ce point de satisfaire à la demande de Royce, si l’un des détectives officiels, s’occupant de l’affaire, n’avait été un admirateur de l’officieux Flambeau. Il était impossible d’être l’ami de Flambeau sans connaître une foule d’histoires passionnantes concernant le Père Brown. C’est pourquoi, tandis que le jeune détective (répon-