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XII

LES TROIS INSTRUMENTS DE LA MORT

Par vocation et par instinct, le Père Brown savait mieux que la plupart d’entre nous que tout homme est anobli par la mort. Il ne put pourtant se défendre d’un mouvement de surprise quelque peu profane, lorsqu’on le réveilla, un beau matin, avec la nouvelle que Sir Aaron Armstrong avait été assassiné. L’idée qu’un personnage aussi divertissant, aussi populaire, avait été victime d’une secrète violence, était absurde, presque grotesque. Car Sir Aaron était divertissant, au point d’être comique, et populaire, au point d’être quasi légendaire. C’est comme s’il avait appris que M. Pickwick était mort à Hanwel[1]. Quoique Sir Aaron, en tant que philanthrope, fût contraint d’envisager l’aspect le plus sombre de notre société, il se piquait de le considérer le plus gaiement possible. Ses

  1. Asile d’aliénés, près de Londres.