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nétrant que celui des lis. Des milliers d’hommes, qui ne l’ont jamais connu, aimeront comme un père cet homme que les derniers qui l’ont connu ont traité comme du fumier. Il sera honoré comme un saint ; et la vérité ne sera jamais connue, parce que j’ai enfin résolu de me taire. Il est parfois aussi mauvais de révéler un secret que de le garder pour soi. J’ai donc réglé ma conduite d’après les événements. Tous ces journaux ont disparu aujourd’hui. Le mouvement antibrésilien s’est apaisé, et Olivier est honoré partout. Je m’étais dit que, si quelque part, dans quelque inscription tracée sur le métal ou sur le marbre, aussi indestructible que les pyramides, le colonel Clancy, ou le colonel Keith, ou le président Olivier se trouvaient calomniés, alors je parlerais. Si, au contraire, Saint-Clare était simplement glorifié par erreur, je me tairais. Et je me tairai.

Ils plongèrent dans la taverne aux rideaux rouges. L’intérieur n’en était pas seulement confortable, mais même luxueux. Sur la table se trouvait un modèle en argent du tombeau de Saint-Clare, la tête d’argent inclinée, l’épée d’argent brisée. Sur les murs, se trouvaient des gravures en couleur représentant la statue et les chars à bancs que prennent les touristes pour la visiter. Les deux amis s’assirent sur les banquettes bien rembourrées.

— Brr ! il fait froid, dit le Père Brown, que veux-tu prendre, du vin ou de la bière ?

— Du cognac, dit Flambeau.