Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/317

Cette page a été validée par deux contributeurs.

coup de feu. Le général lui-même resta jusqu’au bout, à cheval, tête nue, brandissant son épée brisée. » Quant à ce qui survint par la suite à Saint-Clare, Olivier est aussi muet que le capitaine Keith.

— Bon, grogna Flambeau, et ton second témoignage ?

— Il m’a fallu un certain temps pour l’obtenir, mais il ne me faudra pas longtemps pour le dire. J’ai trouvé, après de longues recherches, dans un hospice du Lincolnshire, un vieux soldat qui, non seulement fut blessé à la bataille de la Rivière Noire, mais qui était à genoux aux côtés du colonel de son régiment, lorsque celui-ci mourut. C’était un certain colonel Clancy, un grand taureau d’Irlandais. Il semble être mort presque autant de rage que de ses blessures. Il n’était, en tout cas, pas responsable de cette attaque ridicule qui devait lui avoir été imposée par le général. Ses derniers mots, si je dois en croire mon témoin, furent : « Et voilà ce vieil âne maudit, avec le bout de son épée brisée. Je voudrais que ce soit sa tête. » Tu observeras que tout le monde semble avoir remarqué ce détail de l’épée brisée, quoique la plupart des gens le considèrent avec plus de respect que ne le fit le colonel Clancy. Abordons maintenant mon troisième témoignage.

Le chemin à travers bois commençait à monter, et le Père Brown s’arrêta un instant pour reprendre haleine. Puis il continua du même ton incolore :