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et qu’ils se sentirent environnés d’un feuillage invisible, le prêtre reprit :

— Où le sage cache-t-il une feuille ? Dans la forêt. Mais que fait-il, s’il n’y a pas de forêt ?

— Eh bien ! dit Flambeau, avec irritation, que fait-il ?

— Il fait pousser une forêt pour l’y cacher, répondit l’autre d’une voix sourde. Un terrible péché.

— Voyons, cria son ami avec impatience, car le bois sombre et ce sombre récit commençaient à lui donner sur les nerfs, vas-tu, oui ou non, me conter cette histoire ? Quel autre témoignage possèdes-tu ?

— Il y a trois autres fragments de témoignage que j’ai dénichés dans les coins et les recoins de l’affaire. Je suivrai, pour te les donner, l’ordre logique, de préférence à l’ordre chronologique. Avant tout, la source à laquelle nous puisons le récit de la bataille est fournie par les dépêches d’Olivier lui-même. Elles sont parfaitement claires. Il s’était retranché, avec deux ou trois régiments, sur les hauteurs qui commandent la vallée de la Rivière Noire, sur la rive opposée de laquelle se trouvait une zone marécageuse. Au delà, le sol s’élevait doucement. C’est là que se trouvait le premier avant-poste anglais, soutenu par d’autres, situés assez loin sur ses derrières. Les troupes anglaises, dans l’ensemble, étaient de beaucoup supérieures ; mais ce régiment s’était suffisamment détaché du gros de l’armée pour qu’Olivier ait eu l’idée de traverser la vallée pour tenter de l’en séparer,