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Tout le monde savait depuis longtemps que la vie de Saint-Clare avait été, à diverses reprises, marquée par ces excentricités qui caractérisent la piété puritaine. Le second incident suscita plus d’émoi. Dans les rangs de l’infortuné régiment qui livra le téméraire engagement de la Rivière Noire, se trouvait un certain capitaine Keith, qui était, à cette époque, fiancé à la fille de Saint-Clare et qui l’épousa par la suite. Il avait été au nombre des prisonniers capturés par Olivier et, comme tous les autres — sauf son général — semble avoir été généreusement traité et promptement libéré. Vingt ans après, cet homme, alors le lieutenant-colonel Keith, publia une sorte d’autobiographie intitulée : Un Officier anglais en Birmanie et au Brésil. À l’endroit où les lecteurs recherchèrent avidement des détails circonstanciés concernant le désastre de l’expédition de Saint-Clare, ils purent lire ce passage : « Partout ailleurs, dans ce livre, j’ai narré les événements exactement comme ils se produisirent, car je n’ai pas renoncé à cette conviction démodée que la gloire de l’Angleterre est assez ancienne pour prendre soin d’elle-même. Je ferai pourtant une exception concernant cette défaite de la Rivière Noire ; les raisons que j’ai d’agir ainsi, quoique personnelles, sont impérieuses et honorables. J’ajouterai pourtant ceci, pour rendre justice à la mémoire de deux hommes distingués. Le général Saint-Clare a été accusé d’incapacité, à cette occasion ; je puis du moins certifier que cet engagement, s’il était bien compris, serait con-