Page:Chesterton - La Clairvoyance du père Brown.djvu/283

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vait gravé sur une plaque de cuivre, devant sa porte, et que le symbole doré de sa foi était suspendu au-dessus de la rue, comme une réclame d’oculiste. Toutes ces vulgarités ne pouvaient dépouiller Kalon de l’étrange fascination qui se dégageait de lui. Malgré tout, lorsqu’on se trouvait en présence de ce charlatan, on se sentait en présence d’un grand homme. Même dans le costume de toile qu’il portait, dans son bureau, comme un vêtement d’atelier, il avait un aspect imposant et formidable. Et lorsqu’il revêtait les draperies blanches et le diadème d’or, dans lesquels il saluait chaque jour le soleil, il paraissait si merveilleux, que le rire des gens, dans la rue, s’arrêtait parfois brusquement sur leurs lèvres. Trois fois par jour, en effet, à l’aube, à midi et au crépuscule, le nouvel adorateur du soleil sortait sur son petit balcon, à la face de tout Westminster, pour débiter quelque litanie à son brillant seigneur. Ce fut précisément lorsque les douze coups de midi vibraient encore dans les tours du Parlement et des églises voisines, que le Père Brown, l’ami de Flambeau, aperçut pour la première fois le prêtre immaculé d’Apollon.

Flambeau, qui avait déjà assisté à ces salutations quotidiennes en l’honneur de Phœbus, s’engouffra sous le porche, sans même regarder si son ami le suivait, mais le Père Brown, soit par intérêt professionnel pour une nouvelle forme de rituel, soit par intérêt personnel pour une nouvelle forme de sottise humaine, s’arrêta net et leva les yeux vers le balcon de l’adorateur du so-